LE NUAGE
Si je fais halte un court instant,
c'est que d'orage en orage
il n'est plus vraiment de mon âge
d'aller en messager du temps.
Et si je pleure ce court instant;
c'est pour les tiens, leurs champs de blé.
Sans m'en louer, l'âme excédée
ils rêvent cieux bien plus brûlants.
Quand ce matin avec le vent
nous musardions dans tes yeux sombres,
j'ai retrouvé entre deux ombres
une lueur d'anciens tourments.
J'ai retrouvé l'invraisemblance
d'un marbre d'humble tâcheron
illuminant un panthéon.
J'ai retrouvé là mon enfance.
Je ne suis d'or ni de vermeil,
ne brille pas de mille feux,
ne répand qu'ennui en vos yeux;
je suis nuage, pas soleil!...
Comme toi, comme tous les hommes,
je ne voulais plus être un nombre,
plus être ce bout de ciel sombre
pourtant gardien de vos moissons.
Mais comme l'astre ayant froissé
les éclats d'or et de lumière,
de nuit, de feu ou de poussière
je ne voulais être inondé.
A façonner tant de montagnes,
à refaire le lit des plaines,
à ne jamais compter ma peine,
j'ai oublié marbre et cocagne.
D'un pas soudain bien plus pressé,
le vent m'invite à travers branches
car à parler j'omets ma tâche,
j'omets l'espiègle ciel d'été!...
Lalain
Q
Commentaires
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.