Un homme assis, seul sur un banc,
Refait sa vie pour un instant.
Soixante dix coups de bourdon
Sonnent l’heure de sa réflexion.
Â
Quelle est donc cette voix étrange
Qui le tutoie, qui le dérange ?
Une fée sournoise ? Un ange gardien ?
De prime abord il n’en sait rien.
Â
Ses copains l’avaient prévenu :
Un jour ça prend et ça remue.
Il sait bien qu’il va vers la fin,
Alors, il remonte le chemin.
Â
Il tourne le dos au futur ;
Taire le passé est imposture.
Après coquineries diverses,
A-t-il rencontré la sagesse ?
Â
Des courtisanes il en a eu.
Par dédain, il les a perdues.
Un jour, il trouva sa moitié.
L’a-t-il choyée comme il fallait ?
Â
Les chamailleries, ils ont connu.
Et les nuits blanches, n’en parlons plus.
Crises de croissance, évidemment,
Ont érodé les sentiments.
Â
Il lui a fait de beaux enfants
Qui ont grandi depuis longtemps.
Aujourd’hui il souffre à son tour :
Elle a quelqu’un d’autre pour toujours.
Â
S’il pouvait embrasser ses mains,
Il n’attendrait plus à demain.
Il lui avouerait qu’il l’aimait,
Mais le Bon Dieu vient de lui enlever.
Â