Ils étaient là, mes ennemis,
Au festin que j’avais promis.
Je les ai vus faire bombance,
Vidant les cornes d’abondance.
Des hommes, des femmes, tous invités,
Comme cochons ils ont profité.
Emplissant panses, outres et manteaux,
Mais ils vomiront tout bientôt.
Ils se souviendront à jamais
De cette farandole de mets.
Couverts en argent, godets d’or
Côtoyaient plats chargés d’encor.
Des porcelets aux mille éclats
Aux gras faisans du plus beau choix.
Des fruits de la cinquième saison
Aux nectars, jus de déraison.
Mitonnés à n’en plus finir,
Pour rancune, ces plats vont servir.
Dans fruits, dans vins, dans viandes rôties,
Arsenic fut de la partie.
Repus, contents et bien en chair,
Ils sont partis vers d’autres misères
Semer leurs faims, leurs vils espoirs,
Obligeant à les recevoir.
Nous fûmes heureux de les servir,
Libérés de les voir partir.
Du repas il ne reste rien.
Pour débarrasser, quelques mains.
Seuls sont restés mes vrais amis
Au premier banquet de ma vie.