Tout deux, dans les cieux, une belle nuit,
Discutaient ferme un nuage et une étoile,
Observant de concert, sur l’océan, une voile
D’un bateau navigant jusque là sans ennui.
« Vois-tu nuageux coton cette embarcation ?
Quand elle court ainsi vers l’horizon,
Ses cales chargées d’une précieuse cargaison,
C’est moi qui lui garanti sa position.
Quand le marin triste pense à sa tendre,
Ses souhaits, c’est à nous qu’il les confie,
Mes chères sœurs filantes à qui il se fie
Pour que sa belle ne se lasse d’attendre. »
« Bien sûr, répond le nuage agacé
Mais quand le soleil est trop fort
Qui lui offre l’ombre jusqu’au port ?
Le jour, tu te contentes de t’effacer.
Et quand l’eau parfois vient à manquer,
Qui perd sa substance pour arroser le pont ?
A leurs prières assoiffées, qui leur répond ?
Sûrement pas une étoile toute efflanquée ! »
La conversation s’envenimant alors,
L’étoile ulcérée s’éteint de colère
Tandis que le nuage rempli l’éther
Et finit par masquer les lumières d’or.
Dans l’obscurité totale on entend crier,
La nef aveugle s’écrase sur les rochers.
Alors que la mort se met à faucher.
Quelques marins continuent de prier.
Syndicats, industriels ou gouvernements,
Aussi cupides que peu avares de notre sang.
On sait que toujours querelles de puissants
Jamais ne profitent aux pauvres manants.