Au ciel désert, aujourd’hui, l’hirondelle ne vole,
Vaste écran grisâtre que nulle image n’agite.
L’arbre mort tend ses branches en une triste invite
Pour un lent menuet, une funèbre farandole.
Le vieux moulin les pieds dans l’eau grelotte
Dans cette brume humide et fraîche
Qui recouvre de rosée la prêle, la laiche
Et fait chanter doucement les goulottes.
Les feuilles, comme à regret se laissent glisser
Vers ce sol qu’elles ont nargué tout l’été.
Recouvrant de cuivre le chemin asphalté,
Riche manteau que le vent fait bruisser.
Comme un chien joueur, le froid se fait mordant
Et ses doigts glacés caressent mes joues blêmes.
Dans mon cœur endolori traînent des poèmes
Qui, comme les pluies, se font plus abondants.
Parfois, un timide rayon de lumière
Perce la pesante langueur automnale,
Pour une ultime représentation estivale,
Avant que se referme l’impalpable bière.