Les vents abîmés t’ont menée à lui
Sous les embruns salés de larmes tues.
Tu croisais au large des mers alanguies
Sur un frêle esquif d’amours perdues.
Â
Puis, par un phare éclairant de ses pâles fanaux,
Tu t’es vue guidée vers des côtes morcelées
À la découverte d’un matelot et de ses maux
Qui, finalement, ne fait que te ressembler.
Â
Mutines, sur le pont des incertitudes,
Ta fougue et toi êtes parties à l’abordage
D’un vieux gréement en route vers un sud,
Sans vous soucier du poids de ses âges.
Â
De ses senteurs de poivres et d’agrumes acides
Tu t’es éprise, enivrée et oubliant
D’anciennes lèvres aux velours insipides
Qui te disent encore qu’elles t’aiment tant.
Â
De ses voyages consignés en fond de cale
Tu sais si peu, mais ils t’auront servi,
Après tempêtes et explications bancales,
À te défaire de liens aux cuirs attendris.
Â
Ainsi crois-tu que les sirènes vont s’émouvoir
De te connaître heureuse et presque libre.
Mais sur une île une âme garde l’espoir
Que de nouveau, pour elle, ton cœur vibre.