Crie, crie le goëland
Quand la mère est en mer
Que la mer est amère
Que la mère pleure en mer
Que la mer est chimère
Crie le goéland…
Quand le père en colère
Désespère la mère
Exaspère la mer
Et se perd en enfer
Crie le goéland…
Quand ils voient l’océan
Où se noie leur enfant
Où rougeoie leur néant
Où larmoie le couchant
Crie le goéland…
Quand s’allume le phare
Que la brume est regard
Que l’écume est hasard
Que la plume s’égare
Crie le goéland…
Ruisselant de l’aurore
Vacillant sous la mort
Cherchant le réconfort
Ils trouveront le port
Crie, crie le goéland…
Le goéland crie parce qu’il a avalé de travers un poisson d’avril.
Le goéland crie parce qu’il a avalé de travers un poisson d’avril.
C’est David qui l’a dit.
David qui de ses yeux perçants a traversé la mer, a entendu bien au-delà des océans le cri du goéland. Est-ce la douleur, est-ce la hargne qui a donné à ce cri toute sa force ?
La douleur, parce que le poisson était vraiment trop gros, que ce n’était pas un poisson normal, que ce n’était pas le gentil poisson qu’il avait l’habitude de manger et qui sitôt pêché diluait dans ses ailes comme un parfum de bonheur ? Non.
La rage alors parce que c’était pas un vrai poisson, que c’était un poisson de la farce qui se veut festif, qui n’est souvent que triste ?
Qui sait ?
David, peut-être sait.
Et la mer qui est amère, vous avez cru quoi ? Qu’elle regrettait d’avoir dans ses tempêtes englouti des milliers de marins ? Qu’un jour les vents faibliraient et que de soleil toujours elle s’entourerait ? Non.
La mer est amère du sel qu’elle retient, du plancton qu’elle distille, de son inconsistance qui la fait se mouler sur un destin dont la finalité lui échappe. Le poisson d’avril, vous savez ? Celui qui fait crier le goéland et bien même le poisson d’avril lui échappe à la mer. Voilà pourquoi la mère est amère.
Et les cris du père ? Les avez-vous seulement entendu les cris du père ? N’est-ce pas plutôt le cri du goéland ?
Et l’enfant, oh il n’a pas de cri l’enfant, juste il se noie, le père et la mère pensent-ils seulement à l’enfant ? Non dans l’océan ils ne voient que leur néant, quant au goéland il n’en a rien à faire de l’enfant, il voudrait juste un bon petit poisson, un pas d’avril, un que c’est pas le clown des hommes qui l’a inventé, un vrai poisson de la vraie mère.
Et puis le goéland il aime pas les clowns. Il en a connu un de clown. C’était un jour sur le port, le soleil commençait à être bas sur l’horizon, il cherchait des poissons, des vrais poissons, pas des poissons d’avril. C’est alors qu’il a vu un drôle de petit bonhomme au nez tout rouge. Le plus beau des sourires éclairait le visage de ce petit bonhomme.
Le goéland se souvient :
- Pourquoi tu as le nez rouge ?
- Je suis un clown
- C’est quoi un clown ?
- C’est une invention des hommes
- Mais encore ?
- Les hommes sont bizarres tu sais
- Je sais
- Les hommes inventent de drôles de trucs
- Je sais
- Les clowns tu vois ce sont des gens qui rient et font rire tellement ils sont tristes à l’intérieur
- Le nez rouge alors ce sont tes larmes de sang ?
- Oui
- C’est aussi quand tu te frottes sur les barreaux de ta cage ?
- Oui
Le goéland se souvient.
C’était un jour sur le port, le soleil commençait à être bas sur l’horizon, il cherchait des poissons, des vrais poissons, pas des poissons d’avril. C’était alors qu’il avait vu un drôle de petit bonhomme au nez tout rouge. Le plus beau des sourires éclairait le visage de ce petit bonhomme.
Le goéland avait détourné son regard du clown, oh pas longtemps, juste le temps de regarder le vent, il a entendu un grand plouf.
La mer a rougeoyé de quelques larmes du couchant.
Crie crie le goéland...
Commentaires
Amicalement
Claire d\'Orée
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