Dans l'avide extase de mes amours calcinées
Je me réveille de bon matin tel un nouveau né
J'ai oublié le goût, l'odeur des belles choses
C'est en gris que je m'habille, morose.
J'ai chanté toute la nuit le cynisme des amours mortes
Quand déposé sur le bord d'un ruisseau asséché, un sorte
de serpentin de jour de fête bouscule mes idées toutes faites
Les pommes ne sont ni bleues ni oranges, e lles sont muettes.
Non ! Je suis sourd, malentendant
Mes sens me trahissent
Encore un effort et je me hisse
Sur la pointe de ma sottise, c'est dément.
Devant mes yeux clos, un paysage
Monochrome des déserts scintillants
Il me reste encore plus que mon âge
Pour exercer tous mes talents.
Dans l'éternel extase de mes amours reconnaissantes
Sur les chemins de l'exil sentimental, traîner sa tremblante
Admirer la médiocrité de notre universelle condition
Penser les plaies des jours fuyants, les guérir sans façon
J'ai chanté toute la nuit la déraison et l'ivresse de saison
Errer dans les ruelles tortueuses illuminées des jours de joie
Puis à la mi-juin, quand finissent les longues moissons
On m'a mis dans une caisse en bois. Silence compagnon. Boit !