Me voilà fantôme immobile
En équilibre sur un fil,
Devant toi que l’ombre a quitté
Instant de brève éternité.
Le vide et l’ennui me précèdent
Cohorte silencieuse et tiède.
Le temps s’effile sous nos pas
Esquisse tracée au compas
Courbe fragile dans l’espace
Cerclant d’espoir nos âmes lasses.
Nos yeux qui jadis s’effleuraient
Ne peuvent désormais sceller
L’émoi de nos cœurs affolés
Déshabillés de leur apprêt.
L’oubli de ces années brisées
Résonne aux confins de mon front.
Les mots que mes lèvres t’avouent
Ont fait le tour de l’univers
Témoins d’une mémoire floue
Dissimulée sous mes paupières.
La vie dessinait ton visage
Aux détours de mes longs voyages.
Un sceau fatal brûlait ma peau
Conscience d’avenir ailleurs.
J’ai balayé d’anciennes peurs
Et suspendu un long repos.
L’horizon que mon sein effleure
Porte l’empreinte de tes mains
Cependant que s’enfuient les heures
Derniers remparts avant demain.
Dans le silence de l’absence
Je suis une flamme qui danse
Veilleuse et fidèle égérie
Que les années ont aguerrie.
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