Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 
Le nez dans son bouquin, cette barricade de papier, le nez dans son bouquin
je vois son front rebondi, ses cheveux qui torsadent méchamment par endroit,
ces cheveux emblons, dénaturés par les néons, ils occupent mon regard.
Ses jambes croisées plissent un jean's, son sweater sur les épaules,
quelques rayures me zèbrent aussi.
Elle lit profondément, comme l'on dort, elle est ingérée par le texte,
bouffée, lactance de l'esprit, parfois sa main relève une mèche,
gratte son crâne, parfois son petit nez démange, j'imagine, elle se cache.
Je suis de l'autre côté de son rédigé, de son livré, de ses livrets,
de son délivré, bel ouvrage que sa constance ténue.
Une voix annonce une partance vers plus loin, ailleurs.
Elle lève la tête immédiatement, interpellée, me mâtine rapidement,
ses prunelles étincellent, un éclair de regard, mais pas plus, mais si doux.
Le train desserre ses boggies, tremble sous la tirée de la motrice,
elle regarde au travers de la fenêtre, petit poisson, ses lèvres se dessoudent,
un petit souffle de libération, elle part, je pars avec elle.
La gare arrête le quai, la machine file et traîne ses wagons, accélère les lampadaires,
de longues lignes s'organisent devant nos yeux. Puis un tunnel, le blafard de l'éclairage nous
fait des têtes fadasses, et même, comme elle est belle.
Elle a replongé dans son inscrit. Hermétique. Je regarde ses pieds, ses hanches,
comme elles se dessinent bien. L'inconfort des sièges, elle dandine des fesses,
je m'attendrie, c'est gracieux, comme c'est doux ses fesses qui cherchent leurs places,
son pied m'effleure, je pousse le mien, elle réitère, je ne bouge plus.
Je sens de la chaleur, je sens sa chaleur à travers nos toiles de pantalonnades,
futals, entoilés, vous fûtes merveilleuse, étoilée, votre jambe contre la mienne.

Elle referma son oeuvre, un clap sourd, feutré dans son imprimé, buvard,
absorbant mon attention, moteur, jouera-t-elle ?
La scène, assène, mécène,voilà que vous me donnez de l'attention.
Vous plongez en moi, j'aime vos lèvres,
votre façon de les rouler entre elles, une langue timide, interdite.
Un sourire, vos yeux vont et viennent entre les miens, et cette façon de partir à nouveau,
vous posâtes doucement votre tête contre la vitre en étirant votre cou,
là même où je désirais tant me perdre.

Quelques heures ; j'ai fait ce voyage entre amour et oubli, entre vous et moi,
comme j'aime notre rencontre dans ce train de vie.
Je vous aime.

nOrTeX
du même auteur...

You have no rights to post comments

  • Tétanisante inertie
    28.05.2020 12:18
    procrastination ?
     
  • Larme...
    28.05.2020 12:17
    je pense que je voulais dire un truc spéciale... caché... intrigant :-)
     
  • Larme...
    28.05.2020 12:15
    bah en fait je ne sais même plus ce que voulais dire !! lol :-) en tous cas attristés prend ées :-)
     
  • Haïku doré
    26.09.2012 16:01
    Bon Jour, Ciel, Si je puis me permettre, en toute amitié: 5/7/5 Vaste champ d'épis - Mot de saison ...
     
  • Lettre par Aurore Dupin
    23.09.2012 10:27
    aurore Dupin est le vrai nom de George Sand, elle a envoyé cette lettre à Alfred de Musset... je vous ...