Lettre poème adressée par Madame en réponse :
J'ai lu, Monsieur, votre billet plein d'arrogance,
Trouvant à vos mots une certaine impertinence.
Je ne sais qui vous êtes et pourtant, l'aveu de votre passion
Me touche, dut-il nuire à ma réputation.
Je ne pensais pas que nos sombres églises
Pouvaient à l'amour donner tant d'emprise.
Dois-je vous avouer éprouver de l'émoi
A découvrir vos vers qui ébranlent ma foi ?
Dieu m'est semble-t-il, absent de toute cette affaire
Somme toute, vous en conviendrez, bien terre à terre.
Les mœurs, dit-on, sont adoucies par la musique,
Je veux bien me transformer en votre ange diabolique
Et devenir aussi le jouet de vos mains
A condition que vous acceptiez d'être aussi le mien.
Ne faisons pas, Monsieur, d'une simple histoire de fesses
Matière à divaguer les jours de confesse !
J'accepte volontiers l'augure de votre déclaration
Et j'y réponds avec la plus vive attention.
Réalisez vos rêves enfin car je ne suis pas si sage
Qu'il convienne seulement de m'adorer en image.
Relevez-vous, Monsieur, et cessez de vous torturer !
Je connais plus doux moyens pour vous bien tourmenter.
Vous l'avez bien compris, derrière la dévote se cache la femme
Qui parfois songe à tout sacrifier, même à brader son âme.
Pardonnez ma hardiesse mais à toutes les mortifications
Je préfère les jeux de l'amour sans aucune question.
Croyez qu'à vous écouter je me sens toute prête
Comme à mes volontés coquines vous soumettre.
Je ne suis point affublée d'une ceinture de chasteté
Et de la serrure de mon corps vous possédez la clé.
Ainsi, puisque vous le voulez, je serai votre amante
Sans toutefois vous promettre fidélité probante.
La nonne que vous me pensez s'accommode des mécréants
Pour le simple plaisir, en faisant fi des sentiments.
A l'homme le plus souvent je préfère la bête
Que nul tabou ni licence jamais n'arrête.
Chaque chose en son temps, il en est un pour le plaisir,
Un autre pour la prière et pour le repentir !
Votre soumise,
ZZ
Post-Scriptum:
Vous faites allusion, Monsieur, à l'art des Troubadours…
J'y suis sensible, Ami, mais sachez qu'en amour
J'apprécie qu'une chanson ne soit pas seulement de gestes.
Promettez-moi le paradis ! Je m'occupe du reste…
Poème écrit à la manière du 17° siècle pour "Le Printemps des Poètes" 2007 ayant pour thème "Lettera amorasa".
Ausonne, le 18 février 2007
Inédit