Lettre poème adressée par Monsieur à l'élue de son cœur :
Si vous saviez, Madame, avec quelle fébrile impatience
J'attends les messes de ces dimanches bénis où j'ai la chance
De vous apercevoir vous confondre en dévotions.
Moi, l'impie, le manant à la bien triste réputation,
Je ne viens que pour vous en cette cathédrale austère
Que votre présence éclaire d'une divine lumière.
Nul sermon jamais je n'écoute en ces lieux
Même si, dévotement, je m'en remets à votre Dieu
Afin qu'en ma faveur auprès de vous il intercède,
Pour que je puisse voir en vous ma future Andromède.
Je ne viens ici que pour vous et entendre votre musique.
Vous êtes devenue, Madame, mon ange diabolique
Au point que me voilà jaloux de votre clavecin.
J'aimerai tant pianoter le clavier de vos seins
Et me transformer hardiment, je le confesse,
En ces touches d'ivoire que doucement vos mains caressent.
Comment pourrai-je encor tempérer ma passion
Quand je vois votre regard trahir la pâmoison ?
Mes rêves se nourrissent au loin de votre pure image.
Je vous en prie, ne me demandez pas d'être sage !
Ce serait torture bien pire que flagellation
Puisque je mets à vos pieds toutes mes attentions.
Toutefois, ne vous y trompez pas, Belle Dame,
Je n'éprouve aucune piété dans mon âme.
Sans doute penserez-vous que je mérite mortification
Et que je devrai me soumettre à la confession…
Bien volontiers si c'est vous qui m'écoutez, Ma Chère.
A toutes vos volontés je me soumettrai et saurai taire
Vos plus secrets émois que vous me confierez avec chasteté.
Je ne porte pas défroque d'abbé mais n'en ai pas moins probité
Car je ne vois pas en vous la dévote mais la femme aimante
Dont je voudrai faire pour toujours et fidèlement mon amante.
Bien sûr, j'ai conscience de n'être auprès de vous qu'un mécréant
Mais je vous en conjure, croyez en la noblesse de mes sentiments
Et pardonnez à l'homme, cet animal faible et profane,
Cette insoumission aux commandements qui le condamnent.
Ceci n'est point une prière, je pense que vous l'aurez compris,
Mais seulement l'aveu d'un admirateur de vos attraits épris.
Votre serviteur et obligé,
XX
Post-Scriptum:
Je n'ai pas pour manier les phrases l'aisance des Troubadours.
Eux savaient avec emphase parler de leur amour.
Ce doux billet, même s'il y ressemble, n'a pas prétention de poème.
J'ai emprunté ces mots avec pour seule ambition de dire Je vous aime !
Poème écrit à la manière du 17° siècle pour "Le Printemps des Poètes" 2007 ayant pour thème "Lettera amorasa".
Ausonne, le 18 février 2007
Inédit
MARQUES Gilbert