C'est alors que contrainte au repos de la nuit,
Quand des songes insoumis occupaient mon esprit,
Quand mon être affaibli par tant de désarroi,
N'aurait souhaité plus être pour la mort qu'une proie,
Toi certitude inexpliquée je t'ai senti passer;
Comme si la conscience de mon âme asservie,
En un ultime effort m'aurait rendu la vie.
O spectre de l'aurore ! ta lumière me fait mal,
Et me font mal aussi ces rayons qui transpercent
Mon coeur et mon esprit,
O laisse je te prie sur moi cette pénombre,
Qui doucement conduit mon être vers la tombe;
N'entends-tu le silence envahir mon âme ?
Tandis que peu à peu se dessèchent mes larmes ;
Ne vois-tu pas mon corps se métamorphoser ?
Ne suis-je pas au sol la colombe allongée ?
Qui tourne vers le ciel ses ailes repliées ;
Je ne déside rien; ni pardon ni pitié,
Je ne veux que m'éteindre et en ce temps aimer ;
Aimer ce que je fus pour ne point me renier,
Et mon père et ma mère que j'avais oubliés;
Aimer l'éternité pour ce qu'à mon esprit,
De doutes accablé comme une mélodie,
Un jour elle a donnée ;
Point de joyaux de rêve, d'épine ou d'auréole,
Point de jardin d'éden, de royaume ou couronne,
Seul l'immensité bercée d'humilité,
Où tout ce qui est grand est à la fois petit,
Quand ce qui est vraiment n'est pas plus que la vie,
Comme l'est le tourment tant que ne vient l'oubli .
Que puisse ces paroles profondes en ma pensée,
T'atteindre et te toucher,
Afin que loin des hommes et dans l'éternité,
Mon corps par le néant, se consume, ignoré.