Un crapaud accroupi, coassant en sourdine d’un air blafard,
Scrutait le faible reflet de la lune avec ses yeux écarquillés.
Elle oscillait sur l’eau devant lui cachée entre deux nénuphars.
Il voyait en elle une belle petite grenouille toute déshabillée.
-Que vous avez les yeux bien grands ouverts !- lui dit-elle,
-Sur les contours galbés de mes belles cuisses bien écartées-
-Comment faire autrement en face d’un si sensuel sex-appel-
Dit le batracien figé par les facéties de la commedia dell’arte.
Soudain un petit nuage passant, dissout l’auréole lunaire
Qui mirait tous les plus fous désirs de ce curieux prétendant.
De ce voile obscur, surgit une petite grenouille extraordinaire,
Une vraie de vraie, balancée d’un super corps transcendant.
-Etiez-vous en apnée, ou bien ai-je rêvé de vous embrasser ?-
A la question ainsi posée, la belle angélique séduite lui réplique :
-Bien que vous soyez anoure, venez plutôt près de moi m’enlacer,
Montrez que vous êtes à la hauteur de vos atouts ithyphalliques-
Pris dans une fougue soudaine embrasée par le feu de l’amour
Nos deux acolytes amoureusement collés à l’autre copulent,
Epiés par l’éclosion matinale des magnifiques fleurs du jour
Où d’intenses ébats crapuleux faisaient trembler leurs capitules.
Des clapotis, en sourdine, raisonnent faiblement sur l’étang.
Les quatre pattes qui crapahutent, ralentissent la cadence.
-Je suis frappée d’un extraordinaire coup de foudre et cela étant,
Seriez-vous heureux d’accepter notre future descendance ?-
Papillonnant des yeux, la reinette joyeuse guettait ces intentions.
-Comment puis-je refuser ce bonheur, ô ma belle sirène des eaux,
Si ce sublime instant nous promet à l’avenir d’autres pulsions
Je refuse mon retour en chasseur de grenouilles, foi de crapaud.
A.THAON