LE GEYSER DE LA JOIE
Une nuit,
Reposant mon esprit
Dans un port lointain
De mon imaginaire éblouissant
Où je jouissais
Loin des salves meurtrières
Du conflit
Que mène l’humanité
Depuis tant de millénaires
Pour caresser enfin la lumière
Alors que je lustrais
Mon absolu
Intact malgré toutes les tueries
Perpétrées contre ma juste
Et vibrante anomalie
Une voix,
Semblant venir
D’un vent de détresses
Alerta le sens
Que je voulais donner à ma vie
Elle me conduisit
Dans une ville
Banale et magnifique
Comme toutes les villes
Banales et magnifiques
Et dans une nécropole
Où j’avais enfoui autrefois
Un amour d’adolescence
Des feux follets dansèrent autour de moi
Comme pour saluer
Le retour d’une présence amie
Apparurent soudain
Léchées par des flammes de liesse
Trois jeunes femmes
Qui me sourirent dans l’énigme
De leurs beautés émouvantes et parfaites
Et comme pour protéger
La sauvagerie
De leurs idéaux indomptés
Elles brouillèrent mon réflexe maladroit
De vouloir divulguer leurs éclats
Dans l’audace d’une ode
Voluptueuse et majestueuse,
Préférant rester camouflées
Dans des futurs incontrôlables
Qu’elles rendirent approximatifs
Par peur épidermique
Des valeurs établies
Leurs arcanes vivaces inventèrent
Des désirs clandestins et légendaires
Qui me présentèrent
Dans des sanglots rageurs et incendiaires
Issus de leurs cauchemars
Subversifs et semblant irréels
Un homme jeune
D’aspect noble et raffiné
Qui s’avança vers moi
Dans une immense douleur
Fredonnant dans une voix chaude
Etranglée par l’émotion :
Salut à toi
Poète à l’hymne
Digne et fier
On m’appelle le prince des eunuques
Stérile, impuissant et donc tabou
Pour les foules imbéciles,
Objet de leur voyeurisme
Finalement mis au ban
Discrètement et sournoisement
Dans le cimetière
Des idées reçues
Mon sexe était un geyser de joie
Libertin dans ses ébats
Et droit dans ses érections
Quand il pénétrait
La folie si douce
De vagins illimités
Mais émasculé par la jalousie haineuse
D’un ordre triste et guerrier
Les trois grâces mystérieuses
Non encore identifiées
Par les règles actuelles de la société
Qui ont osé t’aborder
Sont crois-moi
Les femmes les plus belles
Du royaume de ma tragédie
Sache que comme toutes les poétesses,
Elles vivent traquées
Sachant fuir instinctivement
Les hordes de violeurs
Qui dans leurs macabres pulsions
Ornent leurs atroces attributs
De clinquantes baïonnettes
Qui ont infligé la castration
A mon pénis jugé trop rebelle
Parce qu’il avait su séduire
L’art concret de la féminité
Mouillée par les jouissances intenses
Du partage extrême
D’une pure égalité
Hors d’une norme mortifère
Où trône encore la puissance
Démentielle et artificielle
De toutes les oppressions ordinaires
Elles détruisent les prisons arbitraires
Dans des chants méticuleux
Qui soignent et vengent
Mon sort de désespéré
Heureusement sublimé
Quand elles s’attachent si fort
A continuer de m’aimer
Dans une délivrance de baisers
Merveilleux et sensuels
Avant que tu ne repartes
Dans le moment présent
De tes plaies ouvertes
Prêt à reprendre le combat
Ecris que je suis toujours un geyser de joie
Ecris que les femmes libres
Préfèrent les blessés authentiques
A tout leurre illusoire et morbide
Qui fornique
Puis nous enivrant
Avec un alcool
Fort et irrévérencieux
Trop émus
Par les sensations d’un printemps
Vertueux et léger
Dans la victoire annoncée
Par une aube violacée
Avant de nous quitter
Nous fîmes le serment
De devenir des frères
Dans un monde
Sans préjugés et sans haine
Qu’est-il devenu ?
Je sais simplement
Que ce prince des eunuques
Je préfère dire
Ce geyser de la joie
Maudit par la peur des tarés
Restera pour moi
Un symbole puissant et pugnace
Quand m’opposant
De toutes mes forces
A tous les mercenaires résiduels
De l’empire de l’aliénation
Je courtise une nouvelle ère
Habitée par l’envol
De femmes sublimes
Qui aspirent tant
A être pénétrées
Par des hommes vainqueurs
Muant en geysers lucides
Dans une joie démesurée
dimanche 17 mai 2009