S'il est des peines qui vous font chavirer
Comme un bâteau bafoué, par la mer déchaînée
S'il est des certitudes qui vous mènent à douter,
D'autres plus grandes encore vous font déraisonner.
Elles me mènent si loin trop loin de mon chemin,
Elles m'entraînent en un lieu où l'homme et sa pensée
N'ont pas le droit d'aller.
Sur les rives perdues de ce monde inconnu,
Où l'univers fuyant à vos yeux immobile,
N'est autre que la trace d'un passé disparu.
Quand dans un gouffre avide, de vide et de torpeur
Ma vie entière s'écoeure,
Quand je ne ressens plus ni amour ni haine,
Et quand je ne suis plus que l'ombre de ma peine,
Enfin, je m'interpelle.
Qu'est-ce le temps qui passe ? Si ce n'est qu'illusion !
Car si de tout chose peut jaillir la matière,
Des étoiles du vent, du ciel de l'océan,
S'il en est un qui ne le peut, c'est bien le temps.
Quand assis dans un train file le paysage,
Je le sais c'est certain, que c'est le train qui passe.
Le temps est immuable, et c'est toi qui t'efface.