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Haïti
Dans une tragédie assassine de trop
S’est écroulée avec sauvagerie
Dans un tremblement de terre terrible
Jugé terre à terre avec son néant qui s’ensuit
Par des rescapés survivants affolés
Qui fuient comme ils peuvent
Un désespoir pourtant généreux et esthète dans son atrocité
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Papa Doc est revenu
Hurle un vieux sorcier
Dans un vaudou improvisé
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Et des cohortes ténébreuses de tonton macoutes
Dans leurs apocalypses étincelantes qui s’enchaînent
Se libèrent et délibèrent déchaînées
Dans cette mort souveraine dans sa brutalité
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Et une foule d’agonisants
Disséminés dans un macabre chaos
Implore un repos fatal et apaisant
Dans des râles glauques de survivance
Si faibles qu’ils s’étiolent infimes dans un silence infâme
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Tout semble alors fini
A Port au Prince
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Quand alertée
Par les pleurs trop violents
D’une fillette ensevelie vivante
Sous les décombres d’un immeuble
Svelte et élancé comme son père,
Un homme jeune et digne inexorablement broyé
Qui devient ce cadavre décomposé, puant et pullulant,
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Une vaste émotion solidaire
Après ce choc au ressenti planétaire
Arrive avec l’arme pacifique de l’humanitaire
Comme pour rappeler à ce peuple
Exclu par tout progrès
Qu’elle sera présente et militante désormais
Pour le réhabiliter
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Et un visiteur courtois et délicat
Ose lui dire tout bas
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Haïti
Le monde ami a débarqué
Il est même en toi
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Relève-toi
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S’il te plait
De tous ces cauchemars effroyables
Qui ont atrophié ta vie
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Et dans un recueillement solennel
Douloureux et trop impuissant
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Je suis là comme tant d’autres
Dans les mots simples de ce poème
Que je voudrais tant changer en philtre
Pour te redonner l’énergie de l’espoir
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Que j’aimerais voir en chant argenté
Quand tu accouches irrésistiblement
D’un enfant si beau
Qu’il sera admiré dans tous les pays
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Quand tu deviens Haïti
Le rêve insurrectionnel
Qu’est cette putain affamée
Qui pour échapper à une fatalité honteuse
Réussit à chérir les stigmates fabuleux
D’un héros innombrable dans sa liberté
Conçu par son destin enfin amoureux et victorieux
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Dimanche 17 janvier 2010
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