RECIT POLONAIS
D’une liberté choquante
Peut-être
Parce qu’elle est innovante
Toujours en dissident des mots
Je me souviens d’une résistance
Dans une Pologne de Solidarités
Où les chantiers navals de Gdansk
Avaient été à l’arrêt
En narguant un comité central
De bureaucrates étriqués
Qui eux aussi obéissaient
Leur parti n’est plus
Des croix et des églises
Dans tous les quartiers
L’ont remplacé
Et un clergé dans le sillage d’une milice
Flique les consciences
Au nom du fantôme de Carol Wojtyla
Aussi imposant que le Saint-Esprit
Dans un nationalisme buté
Qui vient tout droit du passé
On consomme l’ennui
Comme pour singer
Un occident qui s’anéantit
Par sa propre connerie
Et les femmes prient à genoux
Ne pouvant plus avorter
Même quand elles se font violer
Par des mecs imbus de leur personne
Et parfois de vodka
Un homo rendu chétif
Est pourtant reconnu
Et lapidé par le mépris
Un utopiste qui en a marre
Rêve d’égalité dans la démocratie
Sa marginalité infestée
Par le silence sur ses idées
Et dans une Pologne officielle
Pour qui tout est tabou
Surtout le communisme et l’athéisme
Plus forte que Dieu le Père
Une jeune poétesse
Au vagin obsédant
Des pages amoureuses et violentes
S’affiche libre
Dans la rutilance
De son émoi théâtral et si slave
Elle doit s’appeler Sonia
Et sait être la noblesse historique
De Cracovie
Mais pourquoi me fait-elle bifurquer
Par la Silésie
Sans doute pour me montrer
Des usines sidérurgiques désaffectées
Prix à payer pour la Pologne du Travail qui est cassée
Et elle m’emmène enfin à Varsovie
Cherchant douloureusement la mémoire
D’un génocide où toute trace a disparu
Avant d’écrire
D’un ongle verni
Sur le tableau vivant de son absolu
Pologne qui abonde dans une mazurka
Ta poésie s’envolera bientôt de tous les ghettos
Mardi 8 décembre 09