J’AI VINGT ANS
Avril 1975 : Cris de joie
Je viens d’avoir vingt ans
Et les khmers rouges
Ont définitivement chassé le dictateur Lon Nol
Fantoche de l’impérialisme américain
Dans la rue, j’improvise des poèmes
Avril 1975 : Quelques jours plus tard
Phnom Penh est vidé de ses habitants
Et sur la route, dans la campagne
Comme tout un peuple,
On m’oblige à errer
On apprend rapidement que je suis poète
De la route, vite fait
On me tire à l’écart
Et je suis abattu discrètement
Car je suis un dangereux intellectuel
Mon cadavre pourrira dans la boue d’une rizière
Octobre 2009 : Un poète qui a eu vingt ans
En ce mois d’avril 1975 , se souvient de mes cris de joie
Et de leur assassinat perpétré de sang froid
Et dans une larme spontanée et généreuse
Il veut témoigner pour moi
Solidaire de mon anonyme tragédie
Qui l’a toujours hanté
Et moi qui sors enfin d’un ténébreux passé
Je suis désormais un fantôme,
Qui aura toujours vingt ans
Dont le seul crime a été d’écrire et de vivre pour espérer
mercredi 7 octobre 2009