L 'Â Â A U T R EÂ Â Â
Je te trompe moralement
À chaque fois que je la vois
Car je l'aime passionnément
Et la voudrais toujours à moi.Â
Elle m'enflamme toujours l'âme
Et me donne un air de bonheur,
Comme fait d'ailleurs toute femme
Qui nous a envahit le coeur.Â
Elle se teint de temps en temps :
En blanc ou en brun ou en roux
Mais son caractère changeant
Ne fait pas naître mon courroux.Â
Suivant le temps triste ou bien gai
Ses grands yeux sont gris ou bien bleus,
Comme de grands lacs étalés :
Miroirs du ciel, reflets des cieux. Â
Elle se grime le visage
Avec tout un tas de couleurs
Et ressemble à un paysage
Tout envahit l'été de fleurs.Â
De sa jolie voix fraîche et douce
Quand elle parle, je l'écoute,
Pareille au ruisseau sous la mousse
Qui m'enlèverait tout mon doute.Â
Faite de bosses et de creux,
Grands monts et petites vallées,
Couchée elle ressemble un peu
À une chaîne de sommets.Â
Enfin tu sais, tu la connais :
Elle est tout près, tout près de toi
Et je dois la laisser tomber
Car maintenant, toi tu es là .Â
Mais tu m'excuseras pourtant,
Si t'ayant choisie pour compagne,
Je te trompe moralement
Lorsque je pense à ma montagne !  Â