Abside du XVIeme

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Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,

Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?

Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,

Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?


Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;

De biens évanouis tu parles à mon coeur ;

Et d'un bonheur prochain ta riante promesse

M'apporte un long regret de mon premier bonheur.


Un seul être pour moi remplissait la nature ;

En ses yeux je puisais la vie et l'avenir ;

Au souffle harmonieux de sa voix calme et pure,

Vers un plus frais matin je croyais rajeunir.


Ô combien je l'aimais ! et c'était en silence !

De son front virginal arrosé de pudeur,

De sa bouche où nageait tant d'heureuse indolence,

Mon souffle aurait terni l'éclatante candeur.


Par instants j'espérais. Bonne autant qu'ingénue,

Elle me consolait du sort trop inhumain ;

Je l'avais vue un jour rougir à ma venue,

Et sa main par hasard avait touché ma main.

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Si c'est aimer, Madame, et de jour, et de nuit

Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,

Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire

Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit :


Si c'est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit,

De me perdre moi même et d'être solitaire,

Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,

Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit :


Si c'est aimer que de vivre en vous plus qu'en moi même,

Cacher d'un front joyeux, une langueur extrême,

Sentir au fond de l'âme un combat inégal,

Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite :


Honteux, parlant à vous de confesser mon mal !

Si cela est aimer : furieux je vous aime :

Je vous aime et sait bien que mon mal est fatal :

Le coeur le dit assez, mais la langue est muette.

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Il n'est rien de si beau comme Caliste est belle :

C'est une œuvre où Nature a fait tous ses efforts :

Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,

S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle.

 

La clarté de son teint n'est pas chose mortelle :

Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors :

Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,

Et l'art n'égale point sa douceur naturelle.

 

La blancheur de sa gorge éblouit les regards :

Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards,

Et la fait reconnaître un miracle visible.

 

En ce nombre infini de grâces, et d'appas,

Qu'en dis-tu ma raison ? crois-tu qu'il soit possible

D'avoir du jugement, et ne l'adorer pas ?

 

 

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Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

Assise aupres du feu, devidant et filant,

Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant :

Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.


Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,

Desja sous le labeur à demy sommeillant,

Qui au bruit de mon nom ne s'aille resveillant,

Benissant vostre nom de louange immortelle.


Je seray sous la terre et fantaume sans os :

Par les ombres myrteux je prendray mon repos :

Vous serez au fouyer une vieille accroupie,


Regrettant mon amour et vostre fier desdain.

Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :

Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.

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Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée

Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil :

Et ne saurais ouïr ni raison, ni conseil,

Tant je suis dépité contre ma destinée.

 

J'ai beau voir commencer et finir la journée,

En quelque part des cieux que luise le soleil,

Si le plaisir me fuit, aussi fait le sommeil :

Et la douleur que j'ai n'est jamais terminée.

 

Toute la cour fait cas du séjour où je suis :

Et pour y prendre goût je fais ce que je puis :

Mais j'y deviens plus sec, plus j'y vois de verdure.

 

En ce piteux état si j'ai du réconfort,

C'est, ô rare beauté, que vous êtes si dure,

Qu'autant prés comme loin je n'attends que la mort.

  • Tétanisante inertie
    28.05.2020 12:18
    procrastination ?
     
  • Larme...
    28.05.2020 12:17
    je pense que je voulais dire un truc spéciale... caché... intrigant :-)
     
  • Larme...
    28.05.2020 12:15
    bah en fait je ne sais même plus ce que voulais dire !! lol :-) en tous cas attristés prend ées :-)
     
  • Haïku doré
    26.09.2012 16:01
    Bon Jour, Ciel, Si je puis me permettre, en toute amitié: 5/7/5 Vaste champ d'épis - Mot de saison ...
     
  • Lettre par Aurore Dupin
    23.09.2012 10:27
    aurore Dupin est le vrai nom de George Sand, elle a envoyé cette lettre à Alfred de Musset... je vous ...