Abside du XIX eme

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Oh ! combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,

Dans ce morne horizon se sont évanouis !

Combien ont disparu, dure et triste fortune !

Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !


Combien de patrons morts avec leurs équipages !

L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages

Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !

Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.

Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;

L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !


Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !

Vous roulez à travers les sombres étendues,

Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.

Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,

Sont morts en attendant tous les jours sur la grève

Ceux qui ne sont pas revenus !


On s'entretient de vous parfois dans les veillées.

Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,

Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts

Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,

Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,

Tandis que vous dormez dans les goémons verts !


On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?

Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -

Puis votre souvenir même est enseveli.

Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.

Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,

Sur le sombre océan jette le sombre oubli.


Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.

L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?

Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,

Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,

Parlent encor de vous en remuant la cendre

De leur foyer et de leur coeur !


Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,

Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre

Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,

Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,

Pas même la chanson naïve et monotone

Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !


Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?

O flots, que vous savez de lugubres histoires !

Flots profonds redoutés des mères à genoux !

Vous vous les racontez en montant les marées,

Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées

Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!

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Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir

Où la femme coquette et belle aime à se voir,

Et, gaie ou rêveuse, se penche ;

Puis, comme la vertu, quand il a votre coeur,

Il en chasse le mal et le vice moqueur,

Et vous fait l'âme pure et blanche ;


Puis on descend un peu, le pied vous glisse... - Alors

C'est un abîme ! en vain la main s'attache aux bords,

On s'en va dans l'eau qui tournoie ! -

L'amour est charmant, pur, et mortel. N'y crois pas !

Tel l'enfant, par un fleuve attiré pas à pas,

S'y mire, s'y lave et s'y noie.

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Ami, cache ta vie et répands ton esprit.

Un tertre, où le gazon diversement fleurit ;

Des ravins où l'on voit grimper les chèvres blanches ;

Un vallon, abrité sous un réseau de branches

Pleines de nids d'oiseaux, de murmures, de voix,

Qu'un vent joyeux remue, et d'où tombe parfois,

Comme un sequin jeté par une main distraite,

Un rayon de soleil dans ton âme secrète ;

Quelques rocs, par Dieu même arrangés savamment

Pour faire des échos au fond du bois dormant ;

Voilà ce qu'il te faut pour séjour, pour demeure !

C'est là, - que ta maison chante, aime, rie ou pleure, -

Qu'il faut vivre, enfouir ton toit, borner tes jours,

Envoyant un soupir à peine aux antres sourds,

Mirant dans ta pensée intérieure et sombre

La vie obscure et douce et les heures sans nombre,

Bon d'ailleurs, et tournant, sans trouble ni remords,

Ton coeur vers les enfants, ton âme vers les morts !

Et puis, en même temps, au hasard, par le monde,

Suivant sa fantaisie auguste et vagabonde,

Loin de toi, par delà ton horizon vermeil,

Laisse ta poésie aller en plein soleil !

Dans les rauques cités, dans les champs taciturnes,

Effleurée en passant des lèvres et des urnes,

Laisse-la s'épancher, cristal jamais terni,

Et fuir, roulant toujours vers Dieu, gouffre infini,

Calme et pure, à travers les âmes fécondées,

Un immense courant de rêves et d'idées,

Qui recueille en passant, dans son flot solennel,

Toute eau qui sort de terre ou qui descend du ciel !

Toi, sois heureux dans l'ombre. En ta vie ignorée,

Dans ta tranquillité vénérable et sacrée,

Reste réfugié, penseur mystérieux !

Et que le voyageur malade et sérieux

Puisse, si le hasard l'amène en ta retraite,

Puiser en toi la paix, l'espérance discrète,

L'oubli de la fatigue et l'oubli du danger,

Et boire à ton esprit limpide, sans songer

Que, là-bas, tout un peuple aux mêmes eaux s'abreuve.

Sois petit comme source et sois grand comme fleuve.

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Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie

Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.

Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.

Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;

Et, comme ferait une mère,

La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau !


Gloire à notre France éternelle !

Gloire à ceux qui sont morts pour elle !

Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !

À ceux qu'enflamme leur exemple,

Qui veulent place dans le temple,

Et qui mourront comme ils sont morts !


C'est pour ces morts, dont l'ombre est ici bienvenue,

Que le haut Panthéon élève dans la nue,

Au-dessus de Paris, la ville aux mille tours,

La reine de nos Tyrs et de nos Babylones,

Cette couronne de colonnes

Que le soleil levant redore tous les jours !


Gloire à notre France éternelle !

Gloire à ceux qui sont morts pour elle !

Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !

À ceux qu'enflamme leur exemple,

Qui veulent place dans le temple,

Et qui mourront comme ils sont morts !


Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe,

En vain l'oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe,

Passe sur leur sépulcre où nous nous inclinons ;

Chaque jour, pour eux seuls se levant plus fidèle,

La gloire, aube toujours nouvelle,

Fait luire leur mémoire et redore leurs noms !


Gloire à notre France éternelle !

Gloire à ceux qui sont morts pour elle !

Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !

A ceux qu'enflamme leur exemple,

Qui veulent place dans le temple,

Et qui mourront comme ils sont morts !

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Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire,

Que diras-tu, mon coeur, coeur autrefois flétri,

A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère,

Dont le regard divin t'a soudain refleuri ?


- Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges :

Rien ne vaut la douceur de son autorité ;

Sa chair spirituelle a le parfum des Anges,

Et son oeil nous revêt d'un habit de clarté.


Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,

Que ce soit dans la rue et dans la multitude,

Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau.


Parfois il parle et dit : " Je suis belle, et j'ordonne

Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau ;

Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone. "

  • Tétanisante inertie
    28.05.2020 12:18
    procrastination ?
     
  • Larme...
    28.05.2020 12:17
    je pense que je voulais dire un truc spéciale... caché... intrigant :-)
     
  • Larme...
    28.05.2020 12:15
    bah en fait je ne sais même plus ce que voulais dire !! lol :-) en tous cas attristés prend ées :-)
     
  • Haïku doré
    26.09.2012 16:01
    Bon Jour, Ciel, Si je puis me permettre, en toute amitié: 5/7/5 Vaste champ d'épis - Mot de saison ...
     
  • Lettre par Aurore Dupin
    23.09.2012 10:27
    aurore Dupin est le vrai nom de George Sand, elle a envoyé cette lettre à Alfred de Musset... je vous ...