1994 sera une bonne année
La terre ne sera plus secouée
Par les faibles cris d’affamés
Les militaires finiront de jouer
A la guerre assermentée, légalisée
Chacun aura droit à son bout de jardin
Pour y planter l’arbre de demain
Stop !...
L’Utopie est condamnable de risée
Chacun envoie curriculum vitae
Et dans l’attente d’une réponse favorable…
Etaler à chaque fois sa vie sur la table
Je m’émeus de tous ces hommes et femmes
Qui vivent impuissants, ce lourd drame
Le train s’ébranlera comme d’habitude
avec sa nuée de sardines compressées
Le pauvre type restera avec sa solitude
Car les Autres sont bien trop pressés
Et puis il crèvera peut-être à petit feu
Au son d’un masque impénétrable et joyeux
Et par une nuit trop tranquille, obscure,
Ça éclatera comme un furoncle bien mûr,
Les braves gens immaculés et sans reproches
S’en iront la tête haute et même outrés
Comme des « Pilate », les mains dans les poches
1993 Emmaüs (Faim et soifs des hommes)