Rêvant au fil de l'Eau, marchand le long des rives,
Fleur de chair, oeil de lin, caréssés d'un rai d'or,
Vêtu d'ombre et du poids de l'âge bel encor',
L'Aède ténébreux se plait à ses dérives.
Glissant comme un chaland entre les Eaux captives,
Sur le hallage humide, il coule sans effort
Sous les portiques verts, s'en allant vers le Port
Où l'attendent ravies, les Muses narratives.
Languissante et bercée par ses métamorphoses,
Souvent hantée par ses visions anamorphoses,
Son âme faite d'Eau s'épanche au Feu igné.
Des longs canaux ombrés, l'Eau lente et langoureuse,
Sur l'onde pénombrée*, l'indolente se creuse
Et renvoie le reflet d'un spectre calciné.
ANONA
( La répétition du mot: "Eau" est intentionnelle de notre part )