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A E.


J'avais un galbe à galvauder
les bonnes manières des jeunes passants
sur les boulevards, dans les troquets
je récoltais leurs sifflements

Un soir, pourtant,
j'ai vu brûler la terre
sur l'île de Samothrace
j'ai vu se gorger l'air
de la cendre et du sang

Victoire, enchaînée à la proue,
menait les rescapés
au désir d'amour

J'ai grimpé à la corde
que me tendait un mousse
la robe déchirée dévoilait ma peau rousse
J'ai entendu siffler, et j'en fus humillée

Alors, je me suis adossée à la proue du navire,
un bel hère me dit que mon galbe, ô fortune,
était cent fois semblable à celui de la femme,
contre qui je posais, la déesse d'ivoire,
la figure de proue, Victoire.

J'avais un galbe, je ne l'ai plus, il l'a voilé
mon fier élu, d'un grand drap blanc,
Passez passants.

Et mon drapé claque et s'affole,
dans un grand vent, il s'envole,
ses doux yeux seuls alors découvrent
là sous la toile, mon galbe, nu.

J'ai vu brûler la terre
aux larges de Samothrace
J'ai rencontré en mer,
l'amour, et la grâce.
du même auteur...